Dix Pour Cent

Stratégie

L'heure est venue d'associer responsabilité et rentabilité

“C’est vrai que je suis moins rémunéré que mes anciens collègues d’école mais ce n’est pas grave : au moins, je sais pourquoi je me lève le matin. C’est le prix à payer pour un métier qui a du sens.” Avez-vous déjà entendu ce discours dans votre entourage ? Parce que nous oui. Clairement, trouver un emploi passion, qui a un réel impact sur la société, c’est LA tendance du moment. On ne pourrait pas la contredire : c’est toute la raison pour laquelle nous avons créé Dix Pour Cent.

Mais analysons ce discours un instant, et ce qu’il cache en termes de modèle d’affaires et de rôle sociétal des entreprises pour construire le monde de demain.

Pour la transition, la nécessité politique d’une crédibilité économique

Pour schématiser la Société, nous pouvons dessiner une pyramide : celle-ci se compose de l’administration, des associations et des entreprises. 

Côté Administration, le but est de répondre aux besoins de la majorité. C’est malheureux mais nos institutions n’ont pas les ressources pour s’adapter à l’évolution de la société. C’est pourquoi les Associations sont aussi indispensables : elles complètent l’Administration en venant en aide aux exceptions, aux minorités. Pour y parvenir, leur approche est non lucrative et elles font appel à des bénévoles. 

Jusqu’ici, tout va bien. 

C’est alors qu’interviennent les entreprises : quel est leur rôle dans notre pyramide ? A l’origine, la conception des principes du capitalisme a rendu le risque séduisant. C’est alors qu’un bon matin, des personnes se sont réveillées en voulant prendre ce risque : monter leur projet d’entreprise afin de générer du profit. 

Bien sûr, ce risque doit être rémunéré : c’est une évidence. 

En revanche, on observe aujourd’hui un modèle qui tend vers le sur-capitalisme. Voir des entreprises amasser du profit sans limite et sans risque, cela interroge. Pouvoir licencier des milliers de collaborateurs la même année où des actionnaires se versent des millions en dividende, cela révolte. Alors il est vrai que, parfois, ce sont ces mêmes entreprises qui font la promotion de leurs actions engagées à travers leur fondation.  Mais quand on imagine le monde de demain, est-ce vraiment ce que l’on souhaite ?

On entend souvent que les super-héros de notre monde seraient les startups : des entrepreneurs prêts à révolutionner les industries et à remettre les pendules à l’heure. Leur vision et leur flexibilité leur donnent toutes les clés pour y parvenir, en effet. On voit d’ailleurs émerger chaque jour plus de projets de l’économie sociale et solidaire. Le problème, c’est que trop souvent ces entreprises n’ont pas réfléchi à leur modèle économique et doivent faire appel à du bénévolat ou des salaires réduits pour répondre à leurs ambitions. 

La question qu’on pose c’est : comment pouvons-nous légitimer la transition écologique si elle est portée par des initiatives ne permettant pas la viabilité économique de l’individu ?

Une chose est sûre : ce n’est pas en boostant la transition avec de la précarité. Et ce n’est pas aux salariés de sacrifier leur rémunération. C’est dommage car aujourd’hui encore, le terme “économie” s’oppose à “écologie” dans l’esprit des gens. Et ce sentiment est renforcé lors des élections et des débats entre candidats politiques. La précarité, utilisée comme levier par les entreprises à ambition éthique, vient décrédibiliser le combat écologique. 

Le pré-requis d’un monde plus respectueux et durable, c’est qu’il le soit envers l’ensemble de ses parties prenantes : il doit donc rémunérer le travail tout autant que le risque. 

C’est en réconciliant les termes “responsable” et “rentable” que la transition sera renforcée par une légitimité politique indispensable à son développement. 

« Comment pouvons-nous légitimer la transition écologique si elle est portée par des initiatives ne permettant pas la viabilité économique de l’individu ? »

Comment parvenir à l’équilibre responsabilité / rentabilité ?

Maintenant que l’objectif est clair, reste à savoir comment l’atteindre ! 

Parce que oui : quand on est une grosse entreprise déjà bien installée sur son marché et rentable, c’est facile de tenter des initiatives responsables.  Ces entreprises auront tout de même eu le courage de tester cet argument à une époque où c’était encore risqué, et auront prouvé que l’éthique crée effectivement la préférence de la part des consommateurs. Grâce à elles, on sait que les modèles économiques peuvent tenir compte de cet aspect pour soutenir leur perspective de développement. 

Alors, qu’en est-il des entreprises tout juste sorties des lignes de leurs statuts ? Comment tenir compte de cet équilibre responsabilité-rentabilité dès la création d’un projet entrepreneurial ? 

Voici les 3 réflexions indispensables à se poser pour obtenir cette fameuse entreprise responsable et rentable : 

 

1. Le modèle économique

Les levées de fonds à plus de 7 chiffres font souvent la une des médias professionnels. Trop souvent, on constate que cela se produit sans même l’existence de modèle économique. Conséquence typique de ce phénomène : le discours énoncé dans l’en-tête de cet article. Des salariés sous payés et des croissances qui ne tiennent que sur ces fameuses levées de fonds. 

C’est dès la création de l’entreprise que doit se poser la question du modèle économique. En la définissant, l’entrepreneur devient responsable car il s’assure pouvoir intégrer des parties prenantes dans son aventure sans les mettre à risque ou les sacrifier.

Pour y parvenir, il s’agit d’analyser les opportunités de votre produit ou service : 

  • Se limite-t-il à un seul marché ou peut-il s’appliquer dans d’autres secteurs d’activités pour générer de nouveaux revenus auprès de cibles tout aussi rentables ? 
  • A-t-il un potentiel d’internationalisation et dans quels pays serait-il le plus simple à déployer et le plus rentable ? 
  • Quelle est la mission de votre entreprise et y a-t-il des moyens de l’exprimer en complément de votre solution / produit principal ? 

Autre point important à soulever : l’appel du freemium. Ce modèle, tentant pour obtenir de la notoriété à court terme, a le désavantage de biaiser le marché : il éduque le public à s’attendre à des services pour un coût moindre (pour ne pas dire gratuit) et implique un nivellement par le bas du marché : c’est ce qui s’est produit dans l’industrie du streaming musical et cinématographique. Ainsi, si envisagé, il doit l’être de manière responsable en tenant compte des fonctionnalités à inclure et des publics concernés. 

2. La gouvernance

Ce point est le plus souvent totalement oublié des entrepreneurs. Pourtant, poser sa réflexion sur cette question est très efficace pour marquer l’aspect responsable de l’entreprise sans pour autant impacter sa rentabilité. Une entreprise responsable doit tenir compte des sujets suivants : 

  • Sa transparence : quel(s) moyen(s) souhaitez-vous utiliser pour communiquer sur la vision de l’entreprise, en plus de sa santé financière ? Cela s’applique pour toutes les parties prenantes de l’entreprise : prestataires, investisseurs, collaborateurs et clients.
  • La rémunération de ses collaborateurs : il est temps d’appliquer le plafonnement de salaire pour éviter les abus et de marquer ce principe comme un engagement de base pour votre structure. Autre variable dont il faut tenir compte : l’écart de salaire fait l’objet d’un nouveau plafonnement à fixer.
  • La rémunération du risque : Quelle est votre politique de versement des dividendes ? L’enjeu ici est de rémunérer le risque tout en lui donnant du sens.
  • L’implication des collaborateurs : Alors que les investisseurs sont rémunérés pour le risque, les collaborateurs doivent être rétribués pour leur apport, surtout quand cela vient encore au détriment d’un salaire important (ce qui correspond à un risque).

 

3. La rétribution envers la société

Toute entreprise responsable se doit de tenir compte de son rôle sociétal. Pour cela, elle peut mener plusieurs actions visant à créer de la valeur ajoutée pour la communauté : 

  • Dédier des journées de bénévolat aux collaborateurs
  • Verser une partie des profits à des associations
  • Définir une politique tarifaire adaptée à certains publics dans le besoin
  • Réaliser des mission en pro bono

En conclusion, c’est en combinant l’engagement durable et un capitalisme “raisonné” que nous pourrons concevoir une société responsable sans pénaliser la viabilité économique des individus comme du risque.

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